Homélie du 12ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 14 juin 2020“Ne Craignez pas…”
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Après le temps des fêtes pascales, nous retrouvons les dimanches du “Temps ordinaire”. Ne nous y trompons pas ; ce n’est pas une période moins importante. Un jour, j’ai lu cette publicité : “chez nous l’ordinaire sort de l’ordinaire” ; c’était à propos du carburant. Mais cette qualité supérieure doit aussi concerner toute notre vie chrétienne. Il ne s’agit pas d’accomplir des performances extraordinaires. Le plus important c’est d’accueillir le Christ chaque jour et de témoigner de “la joie de l’Évangile”. C’est notre mission à tous, quelle que soit notre situation.
Mais tout cela ne se passe pas sans souffrances ; la 1ère lecture nous fait entendre les lamentations du prophète Jérémie. Il a été dénoncé et calomnié par la foule. Après avoir parlé au nom du Seigneur, il a subit la persécution. Mais sa lamentation se termine par une louange : “chantez le Seigneur, louez le Seigneur : il a délivré le malheureux des méchants”. C’est aussi cette reconnaissance que nous faisons monter vers les Seigneur. Comme le dit l’apôtre Paul, “rien ne peut nous séparer de son amour”.
L’apôtre Paul a, lui aussi, connu la persécution. Sa prédication allait à contre-courant des idées de son temps. Aujourd’hui, il nous parle de l’humanité plongée dans le péché : “…par un seul homme, le péché est entré dans le monde”. Le péché, c’est quand on tourne le dos à Dieu, quand on organise sa vie en dehors de lui ; c’est quand notre vie est centrée sur nous-mêmes au lieu d’être centrée sur Dieu. Mais avec Jésus, le régime du péché ne peut avoir le dernier mot ; par sa mort et sa résurrection, il a inauguré le régime universel du salut. Nous connaissons tous cette parole de Saint Paul : “Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé”. C’est la victoire de l’amour sur le péché.
L’Évangile de saint Matthieu a été écrit bien après la résurrection du Christ. Au départ, il s’adresse à des chrétiens d’origine juive. Comme Jérémie et comme Paul, ils sont pourchassés et persécutés. Beaucoup sont mis à mort. Et nous savons bien que c’est encore plus vrai de nos jours. Mais nous ne sommes pas seuls, livrés à nous-mêmes ; aujourd’hui comme autrefois, le Seigneur nous dit : “Ne craignez pas… N’ayez pas peur… Je suis avec vous…”
Les hommes les plus mal intentionnés peuvent tuer le corps, mais ils ne peuvent pas tuer l’âme”. Ils ne peuvent rien contre notre dynamisme et notre confiance Ils ne peuvent pas nous faire douter de l’amour de Dieu. Ce n’est pas le moment de chanceler car le mal n’aura pas le dernier mot. Le Christ ressuscité veut nous associer tous à sa victoire sur la mort et le péché.
Cette victoire à laquelle nous sommes appelés ne sera possible que si nous accueillons le Christ et si nous le mettons au centre de notre vie. Cet amour qu’il met en nous, il nous faut l’annoncer et le rayonner autour de nous. De nombreux chrétiens s’organisent pour relayer son message à la télévision, le radio, la Presse, Internet et les divers moyens qui sont mis à notre disposition. Nous avons pu nous en rendre compte pendant la période du confinement. Le Christ compte sur l’engagement de tous ses disciples pour que son Évangile soit proclamé dans le monde entier. Le plus important n’est pas de “transmettre un savoir, des explications, des dogmes, des vérités reçues mais de prendre fait et cause pour Jésus” (Michel Wackenheim).
L’Évangile de ce jour se termine par un avertissement très ferme : “Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux.” Nous ne devons pas craindre de nous compromettre sans réticence pour le Christ. Dans un milieu hostile ou indifférent, il n’est pas facile d’affirmer sa foi. Et pourtant, même des enfants nous donnent l’exemple. Beaucoup préfèrent mourir plutôt que de renier leur foi au Christ. C’est important pour nous : nous pouvons toujours compter sur lui, même quand tout va mal.
La bonne nouvelle de ce dimanche c’est que Dieu ne nous abandonne pas ; bien au contraire, il prend soin de chacun de nous. Il est à nos côtés dans notre combat contre les forces du mal. Son amour nous est acquit une fois pour toutes et rien ne peut nous en séparer. Au-delà de la croix, se trouve la certitude de la résurrection, celle que nous célébrons chaque dimanche.
Comme Jérémie, comme Paul et comme Jésus, nous sommes envoyés. Que l’Esprit Saint soit toujours avec nous pour nous aider à rendre compte de l’espérance qui nous anime. Et que Marie, notre maman du ciel, nous accompagne sur ce chemin.
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Sources : Revues Feu Nouveau, Fiches Dominicales, Cahier de prions en Église.
L’appréhension ou la peur est une sensation que nous avons tous déjà expérimentée. Une angoisse face à une menace potentielle. Elle nous avertit de l’existence d’un problème. Mais que se passe-t-il lorsque la peur nous pousse à renier notre conviction pour échapper à un éventuel conflit ? Et quand la crainte détermine la conduite, c’est l’engrenage !… Pierre a ammèrement vécu cette situation. Il a renié à trois reprises Jésus devant une jeune servante… Plus tard, il écrira : « Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous. » (1 Pierre 3:15) Il nous encourage à nous tenir prêts à témoigner notre foi face à l’ironie et aux moqueries.
L’opinion des gens détermine souvent notre comportement et notre pensée. Et comme chacun peut le constater, il n’est jamais confortable d’aborder le thème de la religion dans un climat de plus en plus défavorable, voire hostile. Dans un société où le souci du bien-être matériel prime sur tout le reste, oser parler de Jésus est devenu un acte de courage.
Nous avons peur de nous distinguer des autres. Par crainte de déplaire, nous sommes prêts, des fois, à passer sous silence notre conviction chrétienne au nom d’une meilleure approbation des gens. Nous hésitons d’agir lorsque l’opportunité se présente pour proclamer l’Évangile. Comme Jérémie, ceux qui s’engagent dans cette voie, loin de connaître la sympathie et les encouragements, devront subir l’incompréhension, les moqueries et même la persécution. « Moi Jérémie, j’entends les calomnies de la foule. […] Tous mes amis guettent mes faux pas […] Mais le Seigneur est avec moi, tel un guerrier redoutable : mes persécuteurs trébucheront, ils ne réussiront pas. »
N’ayons pas peur d’exprimer ouvertement notre foi. N’ayons pas peur de nous montrer chrétien et d’agir en disciple du Christ devant ceux qui peuvent nous ridiculiser. N’ayons pas peur de bousculer les habitudes qui nous empêchent d’avancer et de proclamer au grand jour les valeurs essentielles. « Celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. » nous avertit Jésus. Le Christ nous encourage à garder notre confiance en Lui. « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme. »
Certains prétendent que toute vérité n’est pas bonne à dire ! Mais Jésus nous invite au contraire à ne rien voiler et à ne rien cacher. « Ne craignez pas les hommes ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. » Dans un discours prononcé le 22 décembre 2014 devant la Curie romaine, le pape François n’a pas hésité à secouer le haut clergé pour le convier à un véritable examen de conscience ! Il a sévèrement critiqué la gouvernance de l’Église et a notamment dressé un ‘catalogue’ de quinze maux qui menacent l’institution : ‘l’Alzheimer spirituel’, ‘la rivalité et la vanité’, ‘le carriérisme et l’opportunisme’, ‘le désir des biens matériels’, ‘la formation de cercles fermés’, ‘la recherche du prestige’… Un franc-parler fort et courageux ! Avant lui, le 22 octobre 1978, à la place Saint-Pierre, l’appel du pape Jean-Paul II à l’audace résonne bien au-delà des colonnes du Bernin. « Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ, à sa puissance salvatrice. […] N’ayez pas peur ! »
N’ayons pas peur de proclamer haut et fort notre foi en Jésus Christ.
N’ayons pas peur de nous faire entendre pour défendre la justice et la paix.
N’ayons pas peur de rester honnête dans un monde qui pratique la corruption.
N’ayons pas peur de redresser une situation qui s’amorce sur une pente douce.
Nguyễn Thế Cường Jacques
Je ne parle jamais de la foi avec ma belle famille car tout le monde est farouchement athée. Tant pis si je ne suis pas courageuse.